samedi 21 avril 2018

C'est aussi ça la Thaïlande !


Le matin, au balcon. Il y a du grain, forcément, le jour se lève à peine. Je prévois qu'il va faire beau (comme tous les jours...)

L'autre jour au Big C (c'est l'enseigne Casino rachetée par un thaï), Nam fait un caprice : elle exige de porter les bouteilles de shampoing, les savons, les tubes de dentifrice… et je n'ai pas résisté. Il faut dire qu'elle est équipée d'un appareil à normo-sons tout à fait remarquable, et qu'elle peut faire rendre gorge à des adversaires très aguerris. Après tout, si cela lui fait plaisir… Arrivée à la zone de jeux, elle laisse discrètement tomber le sac pour monter sur une baleine électrique qui zone entre une voiture de sport et une locomotive. Résultat, quand nous arrivons à la maison, nous ne trouvons plus les savons, ni le shampoing etc. Fon téléphone au Big C, on nous dit qu'on va chercher, Fon rappelle un peu plus tard pour s'entendre dire qu'on n'a rien trouvé.

Une semaine après, nous retournons au Big C. En entrant du côté des jeux, nous tombons sur les femmes de ménage. Comme d'habitude, Fon regimbe à demander si elles ont vu le sac. En Indonésie comme en Thaïlande, on ne demande jamais de renseignements. Par exemple, on préfère tourner une heure plutôt que de demander sa route. Tu me diras que si la personne qu'on questionne ne sait pas répondre, elle inventera n'importe quoi pour ne pas perdre la face. Exact. J'ai déjà expérimenté… et j'ai tourné une heure !

Mais Fon sait que si elle ne fait rien, je m'adresserai aux femmes de ménage avec mon thaï de vache espagnole, et elle sera obligée d'intervenir. La mort dans l'âme, elle demande. Et on lui dit qu'on a bien trouvé le sac et qu'on l'a soigneusement mis de côté en pensant qu'un jour ou l'autre, le client oublieux reviendrait ! Des femmes qui gagnent sans doute moins de deux cents cinquante euros par mois…

Autre morale de l'histoire : en Thaïlande, on ne peut jamais avoir un renseignement fiable par téléphone. L'organisation thaïe est trop "complexe" (pour être gentil) pour qu'on puisse obtenir une info sur laquelle on puisse s'appuyer. Il faut toujours se rendre sur place - pour n'importe quoi.

Cette fois-ci, il n'y a pas du grain, il y a UN grain. C'est moche, le mauvais temps ! Mais ça arrive...

Avant-hier, j'ai bien raclé le fond avec mon aileron de planche - c'est l'enfer, ces rochers devant la maison. Résultat, il est plus que… fripé. Il y a de la résine dans l'air, il faut réparer ! Mai demande au resto du coin. On lui indique un garage de moto. Nous y allons. Trois jeunes thaïs sont en train de glander. Nous montrons l'aileron : "Oui, je peux le réparer. Ce sera 1500 bahts" dit l'un des glandeurs. Soit près de 40 euros, presque le prix d'une occasion. Croyant bien faire, Mai suggère 1200 ce qu'il accepte avec enthousiasme. Mais je tourne les talons - je sais que 400 bahts est le prix maximum qu'on pourrait demander. Je pars agacé : c'est ça aussi la Thaïlande.

Le lendemain, nous demandons au chef de notre village qui nous indique un magasin sur la route de la ville. Nous y allons. Ou plus exactement, Fon y entre, et je l'ai briefée pour qu'elle en dise le moins possible, ni que c'est un aileron de planche à voile, et encore moins la propriété d'un farang. Deux minutes plus tard elle ressort et me dit que le type fera le travail pour 200 bahts - ce qui est exactement le prix "normal".

Champ de riz. Une colonie de"becs ouverts indiens" y trouve les escargots d'eau dont l'espèce se nourrit. Ici, la monogamie est la règle, mais dans les ménages polygames, le succès des couvées est plus grand car tous les parents participent...

C'est encore ça la Thaïlande. Tu me diras qu'en France, il y a aussi des gens très honnêtes. Et de très malhonnêtes. Certes. Mais en France, la mentalité ordinaire voudra qu'on embarque le sac avec le shampoing en se disant que le propriétaire l'a passé par pertes et profits, et que si on ne le prend pas, quelqu'un d'autre mettra la main dessus. En France, on raisonne, et le raisonnement sert à rationaliser la malhonnêteté. En Thaïlande, on a moins d'éducation, on se borne à suivre les principes.

Quant aux thaïs délirants qui prennent les farangs pour des billes - oui, bien sûr, j'ai les mêmes à la maison. Naguère, les sympathiques chauffeurs de taxi qui faisaient subrepticement visiter Paris aux américains, braves américains qui débarquaient à Orly et voulaient juste qu'on les conduise à leur hôtel… Mais ce n'est pas aussi systématique - le farang est l'objet de tentatives d'arnaques incessantes. Dont l'État montre le déplorable exemple en taxant trois à cinq fois plus cher toute visite dans un musée ou une ruine publique !

Toujours du balcon, le matin. Je ne suis pas encore blasé...


vendredi 13 avril 2018

Sans panty... mais en tout bien tout honneur !


Le mage de Chumphon m'a dit qu'il fallait que je mette plus de photos sur mon blog. Ici, devant la maison, à droite...

On n'imagine pas à quel point la Thaïlande, sur certains points, est à la traîne. Après plusieurs années de vie ici, je suis encore surpris.

Il y a peu, je racontais mes difficultés pour obtenir une carte précise des limites du parc naturel régional où il est interdit de pêcher. Entrer les coordonnées d'un lieu sur son GPS marine, et savoir ainsi si on est dans le périmètre où hors limites - quoi de plus simple ? Mais là, impossible de mettre la main sur une vraie carte.

Ici, toujours sur la plage, devant la maison, à l'extrême droite. Marée basse. La terre de la falaise est couleur betterave !

J'ai envoyé plusieurs mails à l'administration du parc pour avoir une information fiable - mails restés sans réponse. J'ai donc décidé de prendre le buffle par les cornes - vaste programme - et j'y suis allé.

Là, je ne vais pas tirer à la ligne. En bref, personne n'a de carte. Sinon la carte en ciment qui orne le mur extérieur du bâtiment administratif. Dessinée à quatre pieds d'éléphants près...avec la queue du quatrième !

Ici, devant la maison en regardant à gauche.

L'idée de parc est un concept : on protège les coraux et les nids d'hirondelles, point à la ligne. J'ai parlé d'écrire à l'administration centrale à Bangkok pour en savoir plus. On m'a poliment ri au nez.

Nous sommes tombés sur un type jeune qui semblait à l'écoute, et normalement outillé sous le toit. Il m'a dit avec beaucoup de gentillesse qu'il comprenait mon point de vue. C'est là où j'ai compris à quel degré ce point de vue était relatif. Il faut qu'un type intelligent fasse un effort d'imagination pour comprendre qu'une carte des limites du parc pourrait être utile.

Ici, devant extrême gauche. Oui, j'ai dû descendre un peu sur la plage - c'est fatigant.

Imagine un Macintosh sur lequel on a installé un émulateur de Windows. Si tu essayes d'échanger des données entre Mac et Windows, par un copier-coller par exemple, tu risques de rencontrer de gros problèmes. Sauf si les formats sont très simples, du texte ASCII par exemple. Échanger avec un thaï, c'est pareil. Il y a toutes les chances pour que le contenu soit altéré et irreconnaissable. Le problème fondamental, c'est qu'on n'a pas la même boîte à outil, on n'a pas les mêmes routines pour gérer l'info qui nous arrive.

A présent, je ne suis plus du tout certain qu'il existe une carte. Il faudrait des relevés pour la dresser. Est-ce que les civils disposent des outils permettant de faire des relevés en mer ? Pas certain. Ont-ils le personnel formé ? Pas gagné.

Là, c'était avant-hier, quand on a eu du vent. Mais à droite, la cabane, ce n'est pas là où l'on habite !

Alors des administratifs, peut-être en lien avec une ONG écolo américaine, auraient un jour décidé que tel chapelet d'îles serait protégé - sachant que cela ne gênerait ni le tourisme ni la pêche professionnelle. On aurait griffonné sur une carte (routière) les contours rectangulaires du parc. On aurait mis à la signature du ministre. Et vogue… Est-ce que c'est fou, cette hypothèse ?

Là, c'est au dessus. 6 heures du soir : le pauvre, il doit être dévoré par les moustiques...

L'hypothèse alterne étant qu'une carte a bien été dressée avec précision, mais qu'il existe un tel écart culturel et éducatif entre les sphères élevées de l'administration et les exécutants sur le terrain que ces derniers en ignorent l'existence. Autre hypothèse : rétention d'information, purement et simplement. Encore une autre hypothèse - plus neutre - il y a d'énormes problèmes techniques de circulation de l'information du haut vers le bas. Toujours aussi étonnant…

Au fait, tu te demandes peut-être pourquoi le titre, "Sans panty" ? Simplement parce que "carte" en thaï se prononce panty - traduction littérale : la projection de l'endroit. Je n'ai pas pu résister - désolé.

Là, c'est ce que j'aurai ce soir dans mon assiette - cuit, je te rassure. Quand je te dis qu'il ne faut pas venir en Thaïlande !

samedi 7 avril 2018

La Baule-sur-Buddha


Sweet Thailand...

En 1880, il n'existait pas de station balnéaire nommée La Baule. A l'endroit où allaient surgir des villas familiales et bourgeoises, puis cinquante ans plus tard, une ligne d'immeubles aussi hideux que disparates, il n'existait qu'une dune de sable en forme de croissant, de huit kilomètres de long. Sans même un chemin : à quoi bon accéder à la plage ?

A l'extrémité nord de la dune, une ria boueuse, un petit port de pêche très actif, découvrant à marée basse, un bourg resserré autour d'une église et deux boulangeries : le Pouliguen. C'est là que j'ai passé - bien plus tard - une bonne partie de mon enfance.

L'endroit où nous allons habiter ressemble étrangement au Pouliguen. On y retrouve le petit port de pêche d'où partent des bateaux pour des campagnes de quinze jours. La longue jetée, la petite île en face, les rochers, la côte sauvage un peu plus loin avec ses falaises, la "petite chapelle" (bouddhiste), tout y est. Sur le front de mer, autour de l'Hôtel Beau Rivage, les constructions vouées au tourisme sont encore clairsemées. Un peu plus loin, encerclée par la forêt tropicale, une plage de sable blanc, déserte, inaccessible à marée haute, où les amoureux peuvent forniquer - comme sur notre Grande Côte.

Le soir, le bourg grouille de monde. La population locale est bigarrée : outre les musulmans égarés du sud et de la frontière malaise, il y a beaucoup de birmans qu'on reconnaît à leur maquillage blanc. Leur pays n'est qu'à cinquante kilomètres, et ils sont là pour la pêche. Réguliers, irréguliers, je n'en sais rien. Mais ils font partie du décor, ils semblent parfaitement intégrés. En revanche, les farangs se font très rares.

Jeux d'eau à l'escale pour les marins birmans. Secs et musclés comme des boxeurs thaïs.

Sur le terre-plein construit en face du bâtiment sévère de l'amphoe - la mairie pour faire simple - les jeunes jouent au foot et au basket. Un peu plus loin, une aire de jeux pour enfants. Une ligne de baraquements où l'on prépare des fritures de crevettes, petits restaurants où on dîne pour un euro, commerces de mangues, de Fanta vert ou rouge. Douce animation villageoise, beaucoup d'enfants et d'ados - les garçons font pétarader leurs mobs, les filles sont fraîches et parées comme des bonbons.

Ici, on se gare où on veut, on circule dans tous les sens, en se laissant passer car la rue est trop étroite pour deux voitures. Il règne un joyeux bordel et personne ne se plaint. Un sens unique ? Mais pour quoi faire ?

Notre nouvelle maison est à trois kilomètres du centre ville, sur ce qui serait l'anse Sainte Anne de notre Pouliguen thaï. C'est une villa surélevée, construite sur piliers, avec la cuisine au rez-de-chaussée, en bar. Elle est orientée vers l'est, ce qui lui permet de bénéficier des vents dominants, rafraichissants, qui dispersent les moustiques. Je pense qu'elle te plaira - au fait, tu viens quand ?

La vue de notre plage Sainte Anne, juste devant la maison - moins le gris...

De la fenêtre on voit les palmiers, les îles. Juste derrière, une grande usine d'huile de palme qui a été fermée il y a quelques années : son propriétaire ne payait pas ses impôts. Décor Beaubourg qui nous isole et nous préserve du bruit. Un peu plus loin, une bicoque au bord du sable. Un thaï y habite avec sa femme et sa fillette, c'est le gardien de je ne sais quel terrain. Il a une barque et m'a déjà proposé de m'emmener chasser près des îles, dans des endroits interdits - ce dont je me garderai bien.

Devant la maison, deux grosses dames accroupies cherchent des coquillages. De minuscules palourdes dont elles vont faire des soupes. Nul doute que dans dix ou vingt ans, il n'y aura presque plus de palourdes adultes. Il faudra légiférer, si ce n'est pas trop tard. Pour l'instant, nous sommes au début du cycle - un cycle qui fera sans doute disparaître de la plage toutes les bouteilles de plastique, les filets arrachés et les débris de klégécel. Mais transformera ce paradis en enfer. Alors pour l'instant, jouissons !


La maison surélevée, bien exposée aux vents de secteur Est. Au second plan, la belle raffinerie d'huile de palme - fermée


jeudi 5 avril 2018

Le thaï qui regarde le doigt...


Pourquoi mettre des bouées de sauvetage au bord des routes ? Le pays coule ?

Je rencontre ici un problème qui me rend fou. L'incapacité d'un grand nombre de thaïs à généraliser, à envisager de manière globale (je n'ai même pas dit abstraite) les problèmes et les situations.

Un exemple vaudra mieux que de longs discours. J'aimerais bien tirer quelques poissons, histoire de faire un barbecue. Mais l'île en face de la maison fait partie d'un parc naturel, à ce qu'il paraît. Un chasseur malin essayera de connaître la zone que le parc recouvre le plus précisément possible pour chasser en zone autorisée, mais juste à la limite, là où les nombreux poissons du parc peuvent s'égarer. En effet, le fin zoologiste que tu es n'ignore pas que le poisson, du fait d'une absence de scolarisation, ne sait pas lire les panneaux qu'on a placés au fond de la mer : les panneaux ne sont là que pour les poulpes, bien plus intelligents.

Maintenant, va expliquer à un thaï que toi aussi, tu voudrais connaître les limites du parc naturel.

La première chose qu'il va te demander, c'est pourquoi. Les thaïs veulent toujours savoir. Ce n'est pas seulement de la curiosité : s'ils n'imaginent pas le contexte de la question, leur esprit est sidéré.

Tu pourrais répondre sérieusement que c'est pour ne pas être surpris lorsque tu verras un changement de couleur entre la zone protégée et la zone libre : on a sans doute peint la mer pour que les navigateurs puissent s'y retrouver (c'est comme ça sur les cartes). On te regarderait avec un bref moment de flottement, et puis on te dirait très sérieusement que non, la couleur n'a pas été changée. Problem solved.
 
Mais bon, je réponds, bien que ma réponse ne puisse en rien guider la leur : les limites du parc ne vont pas changer selon que le demandeur est un touriste, un curieux, un géographe, que sais-je encore.

J'explique donc que je veux connaître les limites du parc pour pêcher en zone autorisée. Il arrive ce que je craignais : ils prennent un air sagace et sentencieux et m'expliquent qu'il est interdit de chasser dans la zone protégée. Où est passée la question initiale ? Les limites ? Et pourtant ils me regardent, très satisfaits, l'air de penser qu'ils m'ont bien aidé !


Il m'arrive d'être têtu (voire tête de cochon) :
- Où se trouve la zone protégée ?
- Ici, c'est une zone protégée.
- Toute la Thaïlande ?
Là, ils sont un peu désarçonné. En aucun cas, ils ne comprennent l'ironie de la question. Et encore moins son aspect paradoxal, destiné à leur faire toucher du doigt que si on soustrait l'ensemble P (comme Parc Protégé) de l'ensemble T (comme Thaïlande) avec lequel il a d'ailleurs une intersection égale à l'ensemble P, il reste un ensemble complémentaire A (comme Autorisé) DONT JE SOUHAITERAIS ARDEMMENT CONNAITRE LES CONTOURS. Et la réponse tombe :
- Non. Pas toute la Thaïlande.
- Alors où n'est-ce pas protégé ?
L'interro-négation, là, c'est trop fort sur le plan logique. Ils jettent l'éponge :
- Ici, c'est interdit de chasser.
Circulez, y'a rien à voir. L'idée d'une limite ? Non. Trop abstrait dans le contexte. Je te jure que je n'exagère rien.

Mais j'ai un plan… Chez les flics, on sait forcément où se trouve le parc naturel - c'est une entité administrative proche dans laquelle ils sont sans doute appelés à intervenir. Ils ont au moins les coordonnées... téléphoniques, à défaut des coordonnées géographiques.

Et forcément, les gens qui travaillent dans le parc connaissent exactement ses limites. Les thaïs sont comme tout le monde, ils n'iront pas faire du zèle dans des endroits dont ils n'ont pas la charge...

Nous allons au commissariat le plus proche. Deux flics, charmants. Évidemment, dès que je pose ma question, je dois répondre à leurs questions.
- Pourquoi voulez-vous savoir où se trouve le parc naturel ?
Fon explique que c'est pour ne pas chasser dans ce parc. Ils prennent l'air alarmé :
- C'est interdit de chasser dans le parc.
- Où se trouve-t-il ?
- Ici (geste large, mais qui désigne quand même la direction de la mer, soit 180°). C'est interdit…
- Vous auriez l'adresse de leur administration ?
Non, ils ne l'auraient pas…

J'abrège. La question du début a été oubliée. Totalement. Il y a de longues discussions sur le fait d'aller chasser en bateau ou non. Hors sujet mais très thaï. On aborde aussi le problème d'une hypothétique différence entre les farangs et les thaïs, ces derniers ayant ou non des droits plus importants. Finalement, ils me conseillent un endroit - mais ils ne sont pas sûr qu'il y ait du poisson : il faut essayer, me disent-ils. Je ne leur fait évidemment aucune confiance (et crois-moi, j'ai de bonnes raisons).

La discussion a duré vingt bonnes minutes. En France, quand on peut vous aider, on n'a pas le temps. En Thaïlande, on ne peut pas vous aider... mais on a le temps. Ce monde est mal fait.

L'idée de mettre la main sur une carte, avec des limites écrites : hors culture. Tout est englué autour d'une seule idée abrutissante, un hurlement qui rend visqueux tout ce qui en approche : interdit ! Je ne suis pas loin de penser que pour un thaï moyen, la belle idée de connaissance se résume à savoir ce qui est permis et ce qui est interdit. Politiquement, c'est simple et efficace...

Tu me diras, il suffit de chercher les coordonnées du parc sur internet. J'ai déjà essayé. Tu ne vas pas me croire : je ne le trouve pas, mais je trouve son homonyme, de l'autre côté du golfe de Thaïlande, dans la région de Rayong. Je trouve aussi deux sites privés dont les intitulés pourraient parfaitement être ceux du site officiel. Et au bout de plusieurs jours de recherche, je finirai par tomber sur ce site, quasi vide et mal fait, qui porte le nom si facile à deviner et si simple à mémoriser de : www.doxnrpxldoeoodiqkekkkccmsjz.th
Heureusement, on y trouve une adresse mail (qui ne répond évidemment pas).

A l'école, on enseigne les valeurs nationalistes et religieuses. Mais le gouvernement aurait un plan sciences.

Qu'on me comprenne : je ne dis pas que le thaï moyen est plus bête que les autres. Je suis bien certain qu'à niveau culturel identique, implantés en France, les thaïs tirent honorablement leur épingle du jeu. Mais ici, ils ne reçoivent pas vraiment de formation intellectuelle. Et puis on oublie une chose. L'Europe et l'Amérique du Nord ont cinq siècles de pensée scientifique et de logique derrière elles. Ça marque forcément une culture. Qu'on ne vienne pas me dire : les chinois, la Mésopotamie, les arabes, les égyptiens, les indiens, on leur doit tout, les bases des maths et de l'astronomie et patati et patata. Cultures colossales... Avancées intellectuelles merveilleuses...

Parce que non. On leur doit des observations (dont ils n'ont pas tiré grand chose), du calcul élémentaire pour faciliter l'échange de cruches et de blé et de la géométrie pratique pour diviser des champs lors d'un héritage. Certainement pas de la pensée scientifique. Les grecs, je ne dis pas - ce bon vieil Euclide... Mais après eux, deux mille ans de vide total. Jusqu'autour des années 1500 en Europe.

Bref, les thaïs sont dans les choux pour ce qui est de la logique et de la raison. Mais ils sont tellement sympa !...

Oh, je t'entends venir, avec tes gros sabots ! Ils n'auraient pas la même logique. Trop facile ! Si tu veux dire qu'ils sont capable de survivre avec leur absence de logique, qu'ils vont faire des choses totalement improductive pour compenser cette absence, qu'ils ont d'autres circuits de réponse, d'accord. Mais de logique, il n'y en a qu'une seule. Celle qui permet de construire les téléphones portables qui occupent la moitié de leur vie. Celle qui sous-tend la conception des Toyota qui occupent l'autre moitié. Le principe de causalité. La généralisation par l'abstraction. La logique mathématique qu'on trouve dans la nature - objet de l'inépuisable étonnement d'Einstein. Alors ne vient pas m'emm... en me balançant ton ethnocentrique à deux balles...

Tout ça m'a bien agacé. Résultat, en reprenant la voiture, je recule. Manque de bol, il y a un thaï qui arrive à toute vitesse et me colle au cul. Et bang, je l'emboutis en marche arrière, en tort à 100%. Grrrr ! Il y a des fois où même la dynamique des solides n'aide pas !

Statues de moines dans un temple. Tu remarques ? J'ai vu rouge...


lundi 2 avril 2018

Faire ses longueurs dans un bassin de traitement des eaux usées...



Beurk ! Et pourtant, c'est possible, je l'ai fait. Même que c'est difficile d'y entrer… mais encore plus d'en sortir !
- D'en sortir ! Moi j'aurais le feu aux fesses pour quitter un endroit pareil…
- Hmm... le pétrus tout boutonneux ? Mais non : c'est plus difficile d'en sortir parce que le bord du bassin est très en pente. Mieux vaut attacher une corde à l'un des arbres qui longent la route, sinon impossible de remonter. On est comme une araignée dans une baignoire...
- Mais un bassin de traitement des eaux usées, quand même…?
 - Il ne faut pas croire…
- Et l'odeur ?
- Je n'ai rien remarqué…
- Et la consistance de l'eau ?
- Tu t'attends à quoi ? Des hot-dogs à l'étron au fil d'une eau grise et bulleuse ? Non, l'eau est opaque mais parfaitement fluide, les particules qui y flottent sont fines…
- Elles ont été broyées !
- Mais non je te dis !…

Petit retour en arrière. Je cherche sur Google Map un plan d'eau douce qui pourrait me servir de piscine. Je trouve quelques images charmantes d'un bel étang, coin nature avec un vieux pont de bois qui enjambe une île à vingt-cinq kilomètres de chez nous. C'est un peu loin, mais nous y allons - et nous nous perdons. Nous tombons sur un plan d'eau minable, avec des aires de pique-nique en carrelage - maison de maçon portugais. Au milieu de l'eau, une statue niaise, hideuse de dix mètres de haut - l'enfant caché de Mickey et Pluto. Pourtant, l'endroit n'a rien d'un parc d'attractions. Et il est totalement désert. En tout cas, il n'y a pas de petit pont : il faut encore chercher.

A force de tourner dans la zone, nous atteignons notre but. Déception ! Nuages de poussière et moteurs fumants ! Une vingtaine d'ouvriers en action. Réfection et extension de l'aire. Water-closet pharaoniques, délire cimentique et pagaille parpinesque. Tout cela doit coûter bonbon…

Pourtant, aucun touriste dans les environs, aucun promeneur. Les villes voisines sont à dix kilomètres. Pour trouver cet endroit, il faut vraiment le chercher…

Fon sort de sa réserve et s'emporte (à mi-voix...)
- C'est ça qu'on fait de nos impôts ? Près du lac où tu fais de la planche, tu te rappelles le bâtiment construit pour les touristes ? Le toit défoncé avec l'eau qui coule au milieu, l'herbe qui pousse et soulève les dalles. Pas d'argent pour entretenir… et de toute manière, aucun visiteur.

Je l'ai rarement vue si remontée. Mais elle a raison. Cette folie d'aménagements est étonnante. Des esprits malveillants soupçonneraient des ententes, des pots-de-vin. Ce qu'à Dieu ne plaise !

Dépité, je suis revenu éplucher Google Map. Je me suis rabattu sur un rectangle avec une couleur verte assez appétissant en satellite view. Dimensions plus modestes. Mais moins loin.


Nous partons en exploration. Chemin compliqué. Un vieil homme est allongé sur un hamac dans une cocoteraie. Fon lui demande la route :
- Ah oui, vous voulez aller à l'endroit pour le traitement des eaux usées ! Mais ce n'est pas terminé…

Je reconnais, les eaux usées, ça refroidit. Mais j'ai bien regardé, il n'y a aucune installation d'épuration. Aucune arrivée d'eau suspecte. Aucune odeur. Alors j'ai fait mes longueurs, et c'était bien agréable.

- Et la première photo, avec le poisson mort ?
- Prise en Chine...

En revenant, nous nous sommes (encore) perdus et nous avons demandé notre chemin.
- Ah bon ! Vous venez du bassin de traitement des eaux usées, a dit la dame. Ça fait dix ans que le projet a été suspendu faute de fonds. Il n'y a que de l'eau de pluie…

J'avoue : parfois l'impécuniosité des thaïs m'enchante.

Tu veux mon avis ? Pour le crawl, ces nouvelles piscines rondes, c'est complètement con.